Correspondance de John-Antoine Nau à Jean Royère (22 juillet 1915)
Citer ce document : Nau, John-Antoine, Correspondance de John-Antoine Nau à Jean Royère (22 juillet 1915), Médiathèque Culturelle de la Corse et des Corses, consulté le 21 novembre 2024, https://omekas.histolab.fr/s/fr/item/100368
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Titre :
Correspondance de John-Antoine Nau à Jean Royère (22 juillet 1915)
Description :
Correspondance manuscrite originale de Johan-Antoine Nau à Jean Royère, le 22 juillet 1915 depuis Porto-Vecchio.(Support : papier libre)Retranscription : Ajaccio,Sentine Miot,Petit Sahara Miot,22 juillet 1915Mon cher vieux frangin,Je t’envoie l’informe chose intitulée « Thérèse Donati ». C’est un sale bouquin, décidément, fait pour le public, et par conséquent, immonde.Si j’ai barré « roman corse » sur la première page, c’est que, réellement, c’est si peu corse que j’en suis honteux.Ce n’est pas en six ans qu’on « apprend la Corse ». Je crois qu’il faudrait pour cela passer des vingt-cinq ou trente ans dans cette île excellente mais compliquée au point de vue des moeurs et idées courantes. […]Je ne suis donc pas ravi du bouquin dont je t’encombre encore une fois, mon pauvre vieux ; car c’est décidément une chose bien médiocre. Comme je te l’ai dit, je voudrais bien que Humblot, Pellerin et Cie pussent en tirer 300 pages. Les bourgeois ne lisent ni les livres de 450 pagesni ceux de 270. Il leur faut 300 pages à ces…, « bas du dos », -de 300 à 370 ! Oui, – c’est leur taux ! Quelle race ! Quelle race ! Mais, hélas ! Je la connais !Tu dois me trouver bien sans-gêne. Voici que je t’afflige encore d’un petit tas de… matière dont Humblot, Pellerin, Ollendorff ne voudront peut-être pas.Crois-tu qu’une revue prenne cette saloperie et m’en donne 3 ou 400 francs ? […]C’est un bouquin jeté à l’eau, mais comme c’est un détestable livre et que j’ai besoin de quelques centaines de francs, je marche. En temps de paix ça aurait pu faire sa « petite affaire ». La bêtise du sujet aurait, peut-être, plu à l’idiot public. Mais actuellement, je serai bien contentet bien fier, si, – grâce à toi, – je touche quelques fafiots bleus. (Aujourd’hui jaunes, verts et d’un rouge rose sale.)Nous sommes toujours mal fichus, Yette et moi, dans cet abominable Ajaccio. Nous ne sommes plus malades, puisque c’est l’été, mais nous subissons le contrecoup d’un hiver et d’un printemps horribles. La guerre nous rend encore plus malheureux. Penser qu’à chaque instantdes gens plus intéressants, beaucoup plus intéressants que moi, – sordide vieillard, – meurent horriblement criblés de balles ! J’en ai mon sac de tout ça ! Dès que j’aurai deux sous, je filerai hors de l’Europe maudite que je ne veux plus voir ! Comme dans mes délicieuses Antilles, on ne peut rien faire, j’irai voir la Plata ou le Chili, – le coeur navré d’avance, mais je deviens si avide d’une petite pincée d’argent !! (Si je m’enrichis jamais, je mourrai dans la peau d’un avare toqué de l’amour de la galette ! C’est dégoûtant ! Moi qui étais si désintéressé, jadis ! Je ne suis plus qu’un salopiaud, mais j’ai été si fortement sevré de tout depuis près de quinze ans !) Pardonne-moi la vilenie de mon âme grossière etembrasse bien pour Yette et pour moi l’amie Boudette et la gentille Guezitte.Nous t’embrassons aussi de tout coeur, comme nous t’aimons.Ton vieux frangin,John-Antoine NauCopeau de la « Nouvelle Revue Française » m’a écrit jadis une lettre gentille. Voudrait-il de mon bouquin ??????????Tisserand m’a écrit qu’il t’avait vu et en était fort heureux. Connais-tu sa nouvelle adresse, à la campagne ?Je crois que Palandrie, fort attristé, serait heureux si tu lui écrivais un petit mot cordial comme tu sais les écrire au « Chalet du Pas de l’Ours » Montana (Valais), Suisse.
Type :
Manuscrits
Collection :
Correspondance de John-Antoine Nau
Créateur :
Nau, John-Antoine
Contributeur :
Royère, Jean
Date :
22-juil.-15
Couverture spatiale :
Ajaccio (Sentine Miot, Petit Sahara Miot)
Langue :
Français
Relation :
Fonds John-Antoine Nau
Source :
Gherardi, Eugène F.-X., Tournant de la Marine : La Corse de John-Antoine Nau 1909-1916, Ajaccio : Albiana, 2016.
Licence :
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Droits :
Collection particulière
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