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29 Continuation du 18 mars

En attendant le retour des chasseurs, nous contemplons la vue du rivage que Loti prétend devenue si banale. Moi, je la trouve infiniment intéressante, comme chaque jour. Des femmes viennent à l'eau avec leurs buffles qui, après avoir commencé par boire, entrent dans le fleuve, parfois nagent un instant, puis se couchent de façon à ce qu'il n'y ait que leur épine dorsale et leur tête qui surnage. J'aime ces buffles : ils ont qque chose de si placide, malgré leur aspect de bêtes de la jungle : un enfant les conduit. Je ne les ai pas encore entendus meugler une seule fois et j'ignore quel est leur cri spécial. - Des enfants tout nus se baignent en présence de leurs sœurs. On est habitué à la nudité ds cet orient. La pudeur doit être chose occidentale, chose de pays froids. - Nos chasseurs rentrent, bredouilles naturellement, n'ayant pas vu la queue d'un loup. - et nous levons l'ancre. C'est la rentrée définitive vers le Nord. Le beau voyage est à son terme désormais. Mais qu'il aura donc été beau ! et délicieux ! Je regarde s'éloigner la montagne sacrée dont la haute silhouette monumentale nous suit longtemps, dans le lointain. Et je cherche sur la berge verte les pylones de Carnak pour leur dire adieu.

[indiqué sur la page de l'agenda portant la date du samedi 24 janvier]

Diner chez Méheut, 7h1/2.

Il y avait comme convives, outre nous, Mme Logée, une charmante femme, traductrice de Leafcadio Hearn, puis Dupouy et son fils aîné. Diner très gai, quoique Méheut, surmené, eût été le jour même condamné à une période de repos par son médecin.