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Continuation du 15 mars.
à même dans le rocher d'angles ; aussi aussi, toi, hôtel de la Cataracte où nous sommes assis un instant hier, dans la chaleur, pour contempler la montagne qui, derrière toi, vers le Sud, forme le belvédère d'où les touristes vont contempler sur le désert arabique le soleil couchant ! Adieu, toi, dans ton île artificiellement reverdie, maison de l'Américain Bird, où je passerais volontiers une semaine dans ton bâtiment en forme de proue, tourné vers la cataracte et vers Philae !
Philae, comme ton nom est doux à prononcer ! Il semble que ses syllabes discrètes contiennent une tendresse. C'est à toi surtout que j'envoie mon adieu. La digue, l'énorme digue cause de ton engloutissement progressif, nous sépare, o Io Egyptienne. Ton île a déjà complètement sombré sous les eaux, bientôt ce sera le tour de ton dernier temple, si gracieux encore dans les sommets, qui émergent, portés par ses chapiteaux fleuris, puis ce sera le tour de tes derniers pylones du haut desquels nous avons contemplé l'espèce de lac où tu dormiras pour jamais. Tu restes le charme de ce voyage dont tu as été la dernière pierre milliaire. Nous suspendons la guirlande de nos plus beaux souvenirs à tes pierres votives. Une part de nous reposera désormais sous tes ondes dans le lit d'un des derniers Pharaons.