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Tout le pays est vêtu de lumière. Des roucoulements de pigeons se prolongent amoureusement dans le soir. Le village de Luxor déboule dans le temple : ses enfants se roulent dans la poussière sacrée, au pied des obélisques et des statues colossales. Le profil étrange et quasi monstrueux d'un buffle se profile sur le ciel entre des colonnes, comme une autre image de quelque Hathor, mais vivantes, avec ses cornes recourbées derrière ses oreilles. Au lieu de chauves-souris, les ruines à ciel ouvert sont pleines de pigeons. Et le minaret d'Abou Haggag verse sur elles chaque matin et chaque soir la voix du muezzin disant qu'il vaut mieux prier que dormir. De là-haut la voix se répand vers le Nil, vers la plaine opposée, vers les Colosses de Memnon, vers la montagne sacrée, ruche des sépultures de rois. - L’angélus de l'église catholique [orthose ?] mêle son son de cloche au silence du soir. Tout cela est calme et joyeux.

Ce 12 mars

Dans le merveilleux matin, les femmes qui viennent de puiser l'eau ont l'air de pleureuses en noir qui vont, par groupes, porter sur leur tête des offrandes aux tombes.

Un vol d'ibis blancs descend le fleuve, volant presque au ras de l'eau. On dirait une nuée d'[alyons ?] antiques. A deux heures, la température à l'ombre est de 36°, et cependant il y a une petite brise puisque les bateaux naviguent sous voiles. A 3 heures, le thermomètre à 38. Il est décidé que nous partirons demain d'assez bonne heure, sans aller faire visite au temple de la reine [Halchstepsu ?]. Ainsi elle restera pour nous dans son mystère. Mais