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devant l'American mission qui a ici une école de filles et une école de garçons. Mais il ne doit pas y avoir beaucoup des filles et des garçons qui, dans la journée, jouaient à demi-nues, les unes, complètement nues, les autres sur la grève, sous nos yeux, en ramassant des morceaux de charbon pour la famille. Le village arabe arde ses maisons de boue jusque tout près des ruines même mêlées à elles. Des femmes noires hantaient ce soir tout le paysage de sable ombragé par des palmiers, mais qui semble déjà du désert. En face de nous, la rose de la montagne sacrée de Thèbes tournait au pourpre et s'assombrissait sur le ciel encore baigné d'or. Nous sommes rentrés comme la nuit descendait. Quelque Arabe, je ne sais où, jouait de la flûte primitive dont le nasillement me rappelle tout de suite la cornemuse de mon pas. C'était bon de se retrouver à bord et d'y goûter un peu de la fraîcheur nocturne dont l'haleine commençait

à monter du fleuve. C'est, je crois bien, 

la plus forte journée de chaleur que nous ayons eue.

Le tam-tam dont nous jouait un de nos hommes est la derbouka. A Luxor, les roses fleurissent sous les palmiers puissants, et les voiles [illisible] viennent en voguant sur le fleuve comme des promesses aux ailes blanches. Il y a une gaîté, une joie et comme une volupté dans ce chaud paysage. L'air est si doux, la brise si légère qui balance les palmes. Et