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Il est 5h1/2 : le soleil va bientôt toucher l'horizon. Nous passons devant Maghaga sur la rive gauche . En face sont des carrières exploitées de tout temps et qui fournissent toute sa pierre à Maghagha qui est dans une plaine vaste loin des montagnes lybiennes. Ce village d'en face vit de l'extraction de la pierre, parmi ses palmiers avec une goubba (et non Couba) de Cheikh sur le promontoire qui tombe dans le fleuve. Nous longeons la rive presque à la toucher. Le fleuve ensuite devient très large.

Comme je regarde le soleil se coucher, je vois, par-dessus le bastingage, au-dessous de moi un de nos chauffeurs se moucher dans le Nil sacré, avec ses doigts comme un simple Breton.

Comme le bateau-passeur revenait de Maghaga, au soleil couchant, nous avons assisté au débarquement sur la vaste étendue de sable de la rive droite : Et on voyait tout le monde, hommes, femmes, animaux, s'en aller en file vers le village caché là-bas, dans l'Est, derrière les palmiers. Et c'était très impressionnant. Près du bateau, sur le sable, un chameau, à moitié disparu sous son faix, attendait agenouillé qu'on eût fini d'arrimer sa charge. Le fleuve à cette heure-ci, une fois le soleil disparu, prend des tons de soie bleuâtre, infiniment délicats, cependant que la terre des bords que nous longeons vers l'ouest, est d'un noir pourpre et dans le ciel s'étend sur l'horizon au-dessous du bleu le plus fin une immense écharpe d'or rouge, là où l'astre d'Osiris vient de disparaître. Et la nuit va tomber tout de suite. Son ombre a déjà assombri le bleu oriental, cependant que les montagnes blanches se teintent de jaune pâle et semblent encore garder de la lumière. Puis la nuit complète va venir en un brusque moment, et toutes ces teintes si délicieuses vont s'évanouir,