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145 présenta, Dieu lui dit : " Vas ! ma pauvre fille, arrange-toi comme tu pourras, mais voilà tout ce qui reste ". Ce qui restait, c'était une plante bizarre, (d'un vert métallique, d'un verte bleuté) une plante pas jolie, hérissée, rébarbative, si dure qu'elle avait l'air d'être en zinc et qui - c'est l'expression même de ma conteuse - n'avait pas de bout par où la prendre. Elle restait, parce que personne n'en avait voulu. Mais la Bretagne n'est pas difficile elle sait se contenter de peu. Elle répondit donc avec son optimisme habituel, plus fort que toutes les injures de la destinée : - Soit, je verrai à m'en arranger. Et elle s'en arrangea. Et son touchant optimisme celtique une fois de plus eut raison. Elle emporta dans ses bras saignants la plante toute en dards et, rentrée chez elle, l'enracina dans son dur sol de granit. O miracle ! A peine logée en ce maigre terroir, la plante-fée se pavoisait de myriades de fleurs d'or, d'un éclat somptueux et profond, et qui éclosaient tout le long de l'année. Mais au printemps surtout ce fut une féerie véritable. D'un bout à l'autre de la presqu'ile, l'or, le magnifique or floral et parfumé roula comme un mer sur les cîmes jusqu'alors les plus dénudées. La pauvre, l'indigente Bretagne fut promue au rang de terre milliardaire. Et telle fut la revanche de la plante dédaignée, quand elle fut devenue bretonne. Le récit de la conteuse finissait ici. Mais