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22 qui a une physionomie tout à fait à part. Son eau est limpide et non point jaunâtre comme celle de Paimpont, glauque comme celle du Minerai. Il dort là dans une solitude quasi inviolée, entouré de ces hautes graminées blondes dont nous avons vu des champs entiers au Gué des Perches, et dont les cimes forment par leur multitude des espèces de petites fumées violettes. - La queue de l'étang, près de laquelle nous sommes assis est plantée de jonc. De grands schistes rouges crèvent le sol : nous nous en servons comme de siège. Et c'est un calme, une solitude vraiment magiques. Pas un bruit, sauf le frémissement léger qu'une haleine de vent promène à travers la forêt. Celle-ci nous enveloppe magnifiquement, maternellement. On voudrait s'oublier ici, s'y perdre, s'y anéantir comme Merlin dans le sein de Viviane. Autour de nous, de tous côté, la ceinture moutonneuse des arbres ; des grandes cimes se dressent ainsi que des dômes au-dessus de la ligne verte des taillis. Et il faut cependant rentrer.
En forêt, Armand Nicolas m'a conté comment tout enfant, il ne se plaisait qu'en forêt, se dépêchant dès qu'il était hors de la vue de ses parents, de tirer ses souliers et ses chaussettes qu'il cachait sous le pressoir, et filant sous bois vers un vieux charbonnier bas-breton dont il connaissait la hutte et où il était toujours bien accueilli. Dur métier, celui de charbonnier. Ils commencent par se construire avec des mottes une butte où ils sont bien au chaud, eux, leurs