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par pitié, lui faisaient des aumônes de pommes de terre. Sa femme avait dû être très belle et l'était encore, "une femme magnifique" disait M. Le Bouhellec. Ils étaient installés de la façon la plus sommaire, comme dans une crêche. Il y a 8 ou 10 mois qu'il est reparti, sans qu'on ait rien su de lui. Il paraît que Je sais tout, dans un article sur Sarah Bernhard à Belle-Ile, a parlé de lui. M. Le Bouhellec me signale également un article de Lepelletier, paru dans l'Echo de Paris sur Houat, et qu'il dit excellent, très vu. M. Mitry lui reproche d'avoir fait des réflexions déplacées sur la tombe du "suicidé" de Houat. Ce "suicidé" c'est M. Stéphan, le maître d'école de l'île (l'école est dans le fort situé au centre de l'île). L'administration l'y avait relégué, parce qu'il avait de malheureuses habitudes d'ivrognerie. Il subit cette rélégation avec patience dans les premiers temps, mais, à la fin, elle lui devint intolérable. Il écrivit à l'Inspecteur : "Vous m'avez envoyé ici pour me guérir d'un vice, et je ne fais, au contraire, que l'enraciner en moi puisque la seule distraction que je puisse avoir en ce pays est de boire avec les autres à la cantine". On n'écouta pas sa plainte : alors, de désespoir, il se pendit ds le fort. Cela fit naturellement scandale, et l'on a mis sa tombe dans un coin non bénit du petit cimetière houatais situé en bordure de la falaise à pic, entre l'église et la mer.
Le nom du recteur actuel de Houat est Oliviero.
- Je suis obligé de pratiquer le socialisme, contait-il à M. Le Bouhellec. Les gens venaient en effet, à tout moment me demander du pain, parce qu'ils n'en cuisaient