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168 demeurées jusqu'à présent. Falaises de Belle-Ile découpées en pans de lumière et d'ombre, comme une série d'A. La pointe des Poulains, avec son rocher détaché, sur notre gauche, vers le N.E. Marie Gay, enchantée, possédée par cette île, ne veut plus la quitter jamais : elle ne bouge d'ailleurs pas de sa fenêtre qui donne au coin de la rue Jules Simon, sur l'avant-port, dont le mouvement commence dès 4 heures du matin ou plutôt ne s'interrompt jamais. Bien avant le jour, j'entendais crier les poulies et se gargariser les pompes, tandis que des voiles montaient et se mettaient en marche. Sur la dunette, près de moi, une institutrice parisienne et son compagnon se chantent des airs de Lakmé, à mi-voix, tantôt séparément, tantôt en chœur.
A Auray, je regarde passer les Alréennes en jupons rouges, robe noire et tablier de soie vert clair. Le vent retrousse au-dessus de leur front les cornes de leur coiffe.
M. Le Bouhellec, hier, m'a beaucoup parlé de Houat, où il est allé, il y a deux ans, passer 2 ou 3 jours chez le père d'un de ses élèves, M. Deschamps, qui est passeur attitré de l'île et fait tous les 3 jours le trajet de Houat à Quiberon - et réciproquement. C'est le seul insulaire vraiment civilisé, le seul aussi chez lequel on puisse demander l'hospitalité, - le recteur excepté. Quand il arrive avec ses commissions sur la seule plage abordable, il y dépose les paquets sur le sable. Aux iliens ensuite de venir les prendre. Ils doivent connaître l'arrivée du bâteau - un bon bâteau ponté : tans pis pour eux, s'ils ne se débrouillent pas à venir chercher leurs commandes. - " Vous allez coucher dans la chambre où je reçois le Préfet et l'Inspecteur d'Académie,