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en leurs élégants costumes de demi-citadines, avec leurs jupons éclatants garnis d'une bordure de dentelle, et se plaisant à se faire regarder, en filles conscientes, trop conscientes de leur grâces. - Je rencontre également le vieux soldat de la garde impériale qui, natif de Caro, dans le Morbihan, balade son uniforme - qu'il a payé comme tous les grenadiers de la garde, et qu'il a dès lors pu conserver. Il se nomme Noël Yves, comme l'atteste son livret qu'il porte à la main et qu'il fait lire pour avoir l'aumône. Il a 74 ans, étant né en 1833, et se ballade ainsi de pardon en pardon, avec son bonnet de police, sa tunique à basques, avec devanture jaunes boutonnée, portant aux manches les galons rouges de caporal, et son pantalon garance un tantinet défraîchi. Sur sa poitrine il a la médaille de Crimée et celle d'Italie, - un frère d'armes de ce brave Déguignet qui, lui, n'aurait jamais songé et surtout n'aurait jamais consenti à tirer un semblable parti de son vieil uniforme. Sur l'attestation donnée par le maire d'Auray, si je ne me trompe, autorisant Caro à mendier dans sa commune, ledit Caro est qualifié de "chanteur". Comme je l'interroge