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Ce jeudi 23 Novem. 1899. – Venu seul, sur les trois heures, à bicyclette dans la montée de Rosporden. Me suis assis sur le parapet de pierre du remblai, à mi-côte. Ai assisté de là à un surprenant coup de soleil sur la vallée de Quimper, puis plus haut sur le village de Kerfeunteun. Le soleil partait d'entre des nuages, à ma gauche ou plutôt en face de mois, plongeait dans les vapeurs flottantes de la vallée qu'il allumait d'une flamme dorée, rosissait délicatement la flèche de St Mathieu, laissait dans l'ombre celles de la cathédrale, puis touchant ça et là un toit, une façade, prolongeait sa lumière presque horizontale jusqu'aux maisons de Kerfeunteun, ponctuait surtout d'une fine note dorée le sommet de la tour et allait mourir au delà, sur les frondaisons brunes, et plus loin encore, dans les arrière-plans vaporeux. Et quel silence ! On entend le grand bruissement d'eau du jet dévalant vers Quimper.
Je suis maintenant sur l'ancienne route de Rosporden à Quimper, après le tournant de l'auberge et passé la maison blanche où demeure Mme Goyau (?). elles sont majestueuses et d'une noble tristesse, ces anciennes voies abandonnées où l'herbe déroule ses sillons verts. Des chevaux viennent curieusement voir ce que je fais, le poitrail appuyé à la barrière, puis s'en retournent ds le champ dont on entend sonner sourdement la terre sous leurs sabots. Devant moi, à travers un rideau d'arbres, c'est la croupe du pays d'Ergué-Gabéric. Elle est bleue, toute bleue, d'un bleu indigo, dans la vapeur du soir, du même bleu qu'avaient l'autre jour les lointains de Penhars, quand avec Verdelhant et Wilm, ns regardions le soleil s'affaisser ds les cirrhus, comme un brasier qui s'écroule. Un bruit de train au loin ; on entend distinctement le coup de piston et voici que derrière moi, dans le champ, les chevaux se mettent à hennir.