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poursuivi, et que, parfois, on le voyait, en plein travail, redresser brusquement la tête, comme si une voix venait de l'appeler, puis essuyer sur sa figure pâle une sueur subite. – De son mariage avec Madalen il avait eu trois enfants, un premier-né qui était mort en naissant, puis Samuel, qu'on disait un peu faible d'esprit, puis enfin Aliette. Celle-ci, en naissant, avait tué sa mère, ou du moins épuisé en elle la source de vie, car à partir de ce moment Madalen n'avait fait que décliner. Elle était morte un jour de neige. Elle avait avant de mourir recommandé sa fille à Tanguy Leïzour qui avait, d'ailleurs, pour l'enfant une affection très vive et dont c'était la grande joie, les jours de congé, de tailler des images à la petiote. – On avait souvent conseillé à Tual Kerangouez de se remarier ; plus d'une riche sabotière venue avait brigué sa main. Mais cette expérience lui avait suffi. Il s'était rencogné plus avant dans son humeur silencieuse, hantée des souvenirs mauvais. Et il s'était contenté de prendre à ses gages une vieille femme, la veuve d'un ancien ouvrier sabotier, tombée au rang de ramasseuse de bois mort, la vieille Mamm an awel, ainsi appelée, d'un sobriquet qui lui avait fait oublier à tous et à elle-même son nom véritable – si vieille qu'on la disait plus ancienne que les arbres et que les chênes, dit-on, les chênes de dix huit pieds de tour lui parlaient comme à une contemporaine. Elle avait accepté de venir faire le ménage de la hutte. C'était du reste, une femme très entendue, d'une propreté méticuleuse et dont l'avis était toujours bon à prendre.