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Séjour chez Madame Bénac. — Venus, cette après-midi, 4 septembre, mardi, à la chapelle de St Kado. On traverse le pays des pinèdes, à partir de l'endroit où la route de Gouesnac'h s'amorce à celle de Quimper. Puis, c'est un chemin étroit, d'un vert délicieux. — Le vieux chêne desséché, aux formes monstrueuses, à gauche près de la ferme. La chapelle est située dans un placître planté de vieux beaux châtaigniers. Au sud de la chapelle est un calvaire sur un haut socle de 3 marches ; sur la croix, face au levant, un Ecce Homo, jadis peint en rouge, comme la plupart de nos granits bretons ; face à l'Ouest un Christ en croix. Les bras de la croix sont supportés par des anges horizontaux. A la croix s'adosse un oratoire en pierre s'ouvrant sur l'Ouest par une large baie et contenant un autel de granit où devait se célébrer la messe en plein air. Dans un coin, à gauche de l'autel est la statue de St Kado, en moine barbu, robe noire, manteau à cagoule rejetée en arrière, chapelet aux reins, dans la main gauche un livre ouvert, dans la droite un cierge. — La fontaine est au bas du placître, un grand édifice, un pyramidion passé à la chaux blanche, avec un fronton de pierre et des bassins successifs, en mauvais état, mais attestant une grande vogue de pèlerinage. — Une sacristie monumentale flanque au N.O. la chapelle qui est à deux transepts. Sur le rebord de la fenêtre extérieure du transept gauche, on lit : VM : CAPITAINE : RECTEVR. Le même nom que j'ai lu sur la croix de Gouesnach (V. plus haut). La chapelle est bâtie en une espèce de granit violet mauve, aux tons charmants. Au-dessus de la fenêtre du chœur qui est bouchée, on voit des armes martelées. Impossible de visiter l'intérieur : la clef est à Gouesnac'h.

Le samedi matin, 8 septembre 1899. — Départ pour Morgat. J'arrive sur la jetée de Douarnenez, comme les bateaux rentrent. Il est environ 8 heures du matin. Jour brouillé de nuages, avec, par instants, des éclats de lumière qui allument le blanc des voiles. Les premiers bateaux arrivent, tournent le môle et entrent dans le port. Mareyeurs et mareyeuses, — mareyeuses surtout, car les femmes dominent, sont déjà là. D'aucunes, vieilles à lunettes ont apporté des chaises de paille et tricotent, assises, attendant l'instant d'intervenir dans la lutte. Les interpellations commencent :

.— Combien avez-vous ? (Pegement ho peuz ?)