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Ce jeudi 15 Juin 1899. Dans la montée de Locronan, sur le talus de la route, le dos à l'ombre d'un bouquet de châtaigniers.

Je m'en suis allé seul vers les temples du soir. L'astre baissant planait comme un large ostensoir Sur le front recueilli des collines lointaines. Des pleurs pieux tremblaient aux cils verts des fontaines La lumière plus pâle , éteinte par degré Flottait sur l'horizon comme un encens sacré : deux nuages pareils à des saints de verrière, Prosternaient leur blancheur d'archanges en prière Parmi la pourpre et l'or des cieux occidentaux. Des sonnailles tintaient au penchant des coteaux Avec des bruits discrets de clochettes d'église. Les choses exhalaient leur rumeur indécise ; Les champs, les bois, les prés entraient en oraison. Mon cœur a tressailli de leur muet frisson.

29 juin 1899. Jeudi. — Venu ce soir à Kerdévot. Remarqué l'Hermine ailée qui est sculptée au fronton de la tour. — Le calvaire à 4 niches de face et deux sur chaque bout. Toutes, vides. On entend du dehors le bruit sourd du balancier qui fend lourdement son heure. — Edouard remarque avec raison que qq'un qui entendrait cela de nuit, — un Breton — serait singulièrement effrayé. — Sur la route, un peu avant d'arriver à la chapelle, est sur la gauche une maisonnette d'où sortait un bruit de métier de tisserand, et un chant de navette — Il y aurait une chose à écrire sur "un tisserand de Notre Dame". La chapelle de Kerdévot est une belle chose, mais ce qui est encore plus beau, c'est le cadre, l'immense chênaie plusieurs fois séculaire qui lui sert de parvis, et tout à l'entour, un foisonnement de verdure, intense, avec, entre les grandes frondaisons, de jolies éclaircies de soleil sur des prairies, sur des froments, sur des vergers où les fruits se nouent.