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leurs larges culottes mexicaines, avec leur costume qui les fait ressembler à des gauchos. Ils pérorent noblement. Tout à fait des gens d'ailleurs, des habitués d'agora, fait pour la vie en plein air et l'éloquence familière, l'éloquence à ciel ouvert. Je suis l'autre quai. Il est très vert, avec ses ormes jeunes qui ont une frondaison si fraîche. Le seul navire qui soit à quai a son pavillon à la corne de son mât. Des douaniers font les cent pas. Ce sont des observateurs et des philosophes, ces douaniers. Il savent, paraît-il, tous les faits scabreux de la chronique locale. Ils n'ont pas les yeux dans les poches et savent où vont les filles que je rencontre, à quel mystérieux rendez-vous matinal, sans doute à l'issue de la messe basse. Car ici tout se concilie : mysticisme et sensualité, si même l'une n'aide pas l'autre et réciproquement. Ah ! Ils en savent long, les gabelous ! Et la contrebande qu'ils surveillent n'est pas toute dans les navires qui remontent jusqu'à ce port des terres... Je longe le jardin public et vais par le chemin de halage. Une fontaine est là, à droite, creusée en contre-bas du chemin, avec un écoulement souterrain vers la mer, mais qui permet ainsi à la mer, aux grandes marées, de mêler à l'eau douce un peu de sa saumure. J'imagine que les