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de jeter des pierres aux passeuses, par distraction. Puis il y a la concurrence des autres bateaux. Il y aurait une jolie nouvelle à faire avec ces bonnes femmes. Quand je leur demande qu'est ce que cette maison, elle me répondent que c'est « eun ti rustik ». Nous remontons, la nuit déjà tombée. Anne est obligée de s'arrêter presque à chaque minute. Elle me parle de veilles demoiselles quasi centenaires qui habitent Plougasnou et chez qui elle est allée avec ses cousines de Lanmeur, les demoiselles Gueguen. Ces quasi centenaires sont des demoiselles Gourvennec. Elles vivent là de maigres rentes, et sont pleines de souvenirs. Elles lisent, paraît-il, beaucoup et seraient très désireuses de me connaître. Nulle part Anna n'a éprouvé une plus saisissante sensation de passé que chez ces excellentes femmes. En rentrant au bourg, nous trouvons Emile qui nous cherche à son tour.
Et nous allons dîner tous trois, dans la plus exquise des intimités familiales. Il n'y a pas d'être chez qui je sente plus le parfum de ma race ancestrale que chez Anna. Je la fais beaucoup causer. Elle me parle de Spézet dont elle garde la nostalgie et que Marianna symbolise ici, Marianna qui avait 12 ans quand elle entra au service d'Anna et qui y est à l'heure actuelle, depuis 20 ans. Anna me raconte sa dernière année de Spézet