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fois. En longeant le quai (où presque tout ce qui restait des Lances a disparu) je me rappelle soudain, avec une intensité singulière, ma première arrivée à Morlaix, avec Papa et maman, un soir de Foire haute, et la bohémienne qui avait voulu se jeter dans la rivière, et les jours passés chez M. Le Gall, l'instituteur de St Martin des Champs, avec sa femme Adèle et sa fille Eugénie, qui fut une de mes passion nettes d'enfant et dont je n'ai plus eu de nouvelles. Et je me rappelle aussi notre voyage à la Salette, dont la silhouette se dresse devant mes yeux au dessus des bois, derrière le couvent de St François. Je tourne à gauche vers Ploujean : route mouillée grands ombrages. Le mur du parc de Champagny « que l'on suit indéfiniment jusqu'au bourg. C'est plus landlord que tous les parcs de landlords irlandais. Je songe à tous ceux que nous étions, suivant cette route, le jour de la fête de Ploujean ; j'évoque Allard, aujourd'hui préfet des Vosges, Gaston Paris, mort hélas ! et qui jouit tant de la vue de ce beau pays ombreux.

J'arrive chez Anna vers les 5 h 1/4. La classe est finie. Plus personne dans la cour, ni sous le préau où les accessoires du théâtre local sont remisés sur les poutres. Le jardinet soigné, fleuri, avec des blocs de quartz blanc entassés en forme de cairn d'où jaillissent des géraniums, tout annonce la poétique cousine. Jadis elle s'écriait