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mer : le paysage sous le soleil est d'une grandeur et d'une beauté que je ne lui avais jamais vues. L'île Kermaria, avec ses pins courts flotte comme une corbeille sur l'azur des eaux. Le manoir du Guermel s'aperçoit au bout de sa gde prairie d'herbe salée. Nous descendons vers lui, par un petit chemin ombreux. Son allée sinueuse nous mène jusqu'à la cour. Mme de Coëtlogon qui regarde faire du feu sous la grande marmite, dans le bas bout, en causant avec Jobic, un marin de l'Etat, ami de son fils George et qu'elle traite comme un enfant de la maison, nous reçoit avec son empressement coutumier. C'est plaisir d'arriver chez elle : il y a tant de bonté dans son clair regard gris, tant de douceur dans sa voix, tant de bonne grâce dans toute sa personne. Tout de suite elle nous fait passer dans la petite salle basse où tant de fois nous nous sommes assis, en compagnie du pauvre Amédée de Coëtlogon, qui n'est plus depuis cette année, et qui complétait si bien l'harmonie de cette vieille maison exquisement hospitalière.
Nous mangeons du pain et du beurre, avec un verre d'excellent cidre. On veut même nous faire prendre du homard. Mlle de Coëtlogon et Mlle Tesnière rentrent à l'instant même d'une partie de mer derrière l'île Iliec où elles sont allées en bateau aider les braves gens du voisinage à cueillir du lichen à marée basse. Cette maison est la maison de tout le monde. Un pauvre petit coxalgique, fils d'un M. Delalande,