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comme un portefaix. Quand il revint au bout de quinze années, il avait appris l'anglais de matelot, paraît-il, et retenu son breton, mais il avait désappris le Français. Les terres dans l'intervalle avaient été confisquées, vendues à vil prix. C'est un notaire de Saint-Brieuc, paraît-il, qui les avait achetées et qui était venu faire le seigneur dans le manoir. Le vieux Leskildry, pour les ravoir, n'avait qu'à s'adresser au roi. Mais cela n'était pas dans ses manières. On conte qu'une nuit, un côtre vint mouiller dans la baie. Une heure plus tard, le canot du côtre accostait au petit môle que les Leskildry s'étaient jadis fait construire, au temps de la course et des matelots anglais, armés jusqu'aux dents, escaladaient la pente qui mène au manoir. A leur tête était Leskildry le vieux, accompagné d'une jeune femme qu'il avait, dit-on, épousé là-bas, une pas grand'chose des bas quartiers de Londres. Le notaire était couché. En un tour de main on l'eût mis sur pied.
— D'où êtes-vous et que faites-vs ici avait demandé dans son jargon bizarre Leskildry.
— Je suis chez moi.
— Non pas. et la preuve est que vous allez décamper. Vous êtes de Saint-Brieuc, vs allez y retourner. C'est une grâce que je vous fais, monsieur le tabellion. Je pourrais vous faire attacher une pierre au cou, tout simplement. Allez vivre où vous étiez.
On enlève le bonhomme, après qu'il a pris son argent, on l'embarque et le côtre fait voile vers Saint Brieuc où on le déposa plus mort que vif. Et il n'en fut plus question. [Qu'il?] avait réclamé