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Lorsque le sous-patron des douanes Yvon Kerguz, après sa tournée de nuit, fut rentré au corps de garde, il s'assit un instant à la petite table de bois blanc, toute maculée d'encre, qui était, avec un banc fixé au mur, l'unique mobilier de la pièce, et rédigea d'une plume rapide les notes qu'il avait à consigner au registre. Elles étaient brèves, ces notes : elles consistaient uniquement à énumérer les quatre postes où il avait stationné successivement, à raison de deux heures par poste, et à inscrire l'heure à laquelle il avait terminé son service. Il inscrivit donc les noms de Garrek-Meur, de Garrek-Vrân, de Buguelès et de Guermêl, tous des noms de promontoires solitaires échelonnés le long de la côte trégorroise, dans la partie la plus sauvage et la plus déchiquetée de cette côte, entre la rade de Perros, d'une part, et l'estuaire de Tréguier, de l'autre.
Restait à remplir la colonne des observations proprement dites : il y écrivit un seul mot : — Néant.
Qu'il accompagna d'un beau paraphe, et, reprenant sa capote de nuit qu'il avait déposée sur le banc, il la jeta en travers sur son épaule, suspendit à l'une des patères qui étaient