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les plus fréquentés du pays. Un horizon harmonieux de clos. Des paludes en guise de prairies. Des paludes mi-terriennes, mi-marines. Encore aujourd'hui, Louis Le Maz expédie plus de trois cents livres de saumon par an. Et le ruban de la rivière très sinueux. Des ajoncs en fleurs, sur l'autre rive, des peupliers aux feuilles en or, sur la nôtre. La route que nous continuons à descendre tourne brusque sur la droite à une vieille maison demi ruinée portant la date de 1764. Inscription au dessus de la fenêtre lucarne : F:P:RG.LESFL 1764. La maison a un nom : ante Ross. Celle qui y habite est Catherine Braouézec : avant elle Ar Fustec, parti à L'Hôpital, à Plestin. Son mari ne vient à la maison que quand il est soûl. Elle est née à Guimaëc : il y a 16 ans qu'elle est à Plestin. Elle berce un enfant qui est à une fille à elle et qui a les yeux extraordinairement couleur de ciel. De l'autre côté de l'eau, le moulin de Moualchic qui est dans le Finistère. C'est le pont qui y mène qui sépare les 2 départements. C'est cette maison qu'habitaient mes grands-parents, et le petit placitre vert qui est devant fut la cour de récréation de mes grands-parents.
Le coude brusque de la route à partir de cette maison de schiste mène, en descendant, au moulin, par le pont. En somme, je suis par mes ancêtres, mi-partie Côtes-du-Nord et Finistère. Et nous voici au bas du vallon. Quand le commerce ne donnait pas, ils se livraient à la pêche du saumon. Même Tonton Jean venait à la pêche ici. Ma source est ici. C'est ici qu'ont lieu les danses du pardon de Saint Haran.