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182 maintenant les Perrot dans cette vieille aile : l'aile plus récente est le logis de François Dagorn, petit-fils de Fanchi. Sa femme est seule dans la cuisine, où l'on fait des crêpes : un intérieur dévasté, sinistre. La ruine par l'alcool. La femme est sale, immonde, flétrie, un air infini de misère : dans ses bas bleus, une énorme déchirure. Elle me conduit au logis que Fanchi occupait autrefois ; nous longeons le trottoir dallé, passons derrière le puits monumental, aux pierres descellées, et pénétrons par la petite poterne d'où l'on accède à l'escalier. La femme n'est pas sûre que la chambre soit ouverte, car c'est Pierre Dagorn, son beau-frère, non marié, qui l'occupe, et il est absent. Nous loquetons en vain : je ne pénètrerai pas dans cette maison de mon passé. Qu'y verrai-je au reste ? Désordre et malpropreté sans doute, comme partout.
François Dagorn arrive enfin : il doit charger une charretée de fumier. Visiblement mon abord l'embarrasse. Mais il devient gentil vite : la figure sans la barbe mal rasée est fine : les yeux sont noirs et beaux, ressemblent aux miens, prétend Lebeau. Il me dit qu'il a un frère prêtre, vicaire à Pédernec. Il ne nous invite pas à entrer, par pudeur évidemment. Nous prenons congé de lui et des Rivoallon, et traversons le grand placître, non sans avoir jeté un coup d’œil sur le noble horizon que l'on aperçoit