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l'ombre d'une calme rangée d'ormes, puis par une ruelle bordée de vieux murs. La plupart de ces maisons de Saint-Jean sont vieilles, avec des airs nobles de manoirs, des fenêtres ouvragées ; avec meneaux, et des portes ogivales ou à plein cintre. A me rappeler surtout celle qui borde le cimetière, et où il y avait une exquise scène de nuit à placer, vue de la fenêtre qui est au ras de l'enclos des tombes.
Nous sommes ensuite restés assis devant l'hôtel à regarder aller et venir les flots de la foule. Je n'ai pas encore remarqué un seul homme ivre. C'est une fête animée d'aspect, mais qui garde une physionomie vraiment religieuse. A côté de nous, un [illisible] en casquette et en blouse, avec sa femme en taille, sale, un mouchoir noué autour de son visage marbré de taches de rousseurs, chantent des complaintes quelconques, mais en breton, et des paysans s'arrêtent, écoutent, achètent. Une vieille ivrognesse de Ploujean vend des articles de cotillon, ainsi qu'une autre, citadine celle-ci, ses lourds cheveux d'un noir de jais tordus en plusieurs chignons. On achète beaucoup de ces objets qui ont remplacé les médailles d'autrefois et l'on emporte des souvenirs pour les enfants "lad ar pardon".
Après dîner, voici le défilé des voitures qui commence au milieu de la foule qui va, vient, avec la lenteur bretonne, par grands courants entrecroisés. Quelques pèlerines s'en