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Les fermiers qu les logeaient et qui restaient les écouter causer, à la porte de l'étable, entendaient parfois des propos extraordinaires.
Un fermier d'Ergué-Gabéric, assez riche, et ayant une étable bien garnie, logea un jour deux de ces compagnons : il alla lui-même, avec une lanterne, les conduire à la crèche où il leur avait préparé une couchette de paille.
- Voilà, dit-il. Et maintenant bonne nuit.
Mais, après avoir tiré la porte derrière lui, la curiosité lui vint de rester écouter la conversation des deux hommes. L'un disait :
- Il nous prend pour de pauvres gens et nous regarde en pitié. Mais j'ai dans mon étable huit paires de bœufs auprès desquels les siens feraient triste mine.
- Et moi, dit l'autre, j'en ai dix.
On conçoit si le fermier le lendemain les pria d'aller loger à leurs frais.
Il y avait encore le stouper et les stoupérézed, toujours de la montagne aussi. Ils avaient une chanson qu'ils chantaient. Au lieu de dire elur prière comme les mendiants, il chantaient cette chanson amusante, la leur, en guise d'écot pour leur souper et leur logement. Ils arrivaient dans le pays à l'époque de Noël. Ils portaient un sac sur el dos : ils n'avaient pas de chevaux comme les gens de la Feuillée.
(Deguignet).
A Ergué-Gabéric, auprès de Saint-Gwenolé, il y a une fondrière (eun toul-lap) qu'on appelle Poull- ar-c'héménec. C'est là, disait-on, qu'on trouvait tous les enfants qui naissaient dans les fermes des environs.
Le Quéménec qui a donné son nom à ce poull, était un tailleur extraordinaire : il allait toujours seul, ne voulait pas d’apprenti. Pour revenir