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138 Séjour à Toudjourah ☾ 12 avril 139

tremblet. de terre α

Selon l'Ada'loum peu après minuit dans la matinée du 7 avril il y eut une secousse de tremblement de terre et une 2e. peu avant l'aurore. cela présage dit-il la pluie, superstition que j'ai trouvée aussi à mousfawwa, et qui ferait croire que ces phénomènes sont communs ici.

remarques géologiques β

Outre ces phenomènes on voit ici des exemples de tout ce qui change l'aspect physique du globe. Les nombreuses collines qui enserrent le village sont volcaniques vers l'intérieur et formées de calcaire coralligène vers le chaykh [arabe] de l'autre coté là où j'ai terminé ma base à chaque extremité on voit des roches basses formées de débris agglutinés et que l'action des vagues use inégalement. Devant le village même et delà vers l'Ouest la plage est generalement un sable plus ou moins fin rarement mêlé de galets. A l'Est au contraire les galets amassés sur la grève suivant une courbe parabolique et provenant presque tous de débris volcaniques forment un bourrelet contre les vagues et laissent dans l'intérieur des creux où l'eau de mer reste stagnante après que les hautes marées l'ont portée en petites quantités à la fois au dessus du bourrelet car elle ne parait pas s'infiltrer au travers. En dedans de ce bourrelet et jusqu'au chaykh se forment de tout petites plaines horizontales bien unies et formés d'une terre pareille à ce 140 ε terrain coralligène si fréquent dans les petites iles de la mer Rouge qui prend l'empreinte du pas d'abord et semble revenir à son premier niveau au bout de quelques jours par une sorte d'efflorescence. En allant du village vers la fontaine on trouve une miniature de crique avec une petite barre là où elle se joint à la mer. Elle est formée par un torrent ephemère qui suit toute la vallée où est la fontaine. Sur le flanc gauche de cette vallée à environ 1/2 heure de la mer est une petite colline coupée à pic par rupture et qui laisse voir ainsi qu'elle est formée tout entière de depots d'eau douche, soit galets soit limon. on peut compter plus de cinquante de ces depots qui se refèrent sans doute à autant d'années.

pluies γ

on m'a dit que les torrens n'arrivent qu'à la fin de la saison pluvieuse d'Abyssinie (septembre) et qu'ils ne durent jamais autant qu'une journée ce qui est assez probable car toutes les collines environnantes sont nues ou n'ont qu'un leger manteau de petits buissons sans herbes ni arbres épais dont les racines pourraient comme en Europe ralentir et régulariser les cours d'eau. Il est surtout remarquable que la saison pluvieuse ici n'est pas dans l'hiver septentrional comme à Moussawwa' mais coincide avec celle du daga Abyssin. Une explication de ces deux phénomènes déroulerait un nouveau volume de la physique du globe. Ici depuis notre arrivée en Janvier nous avons en deux ou trois fortes ondées par mois. M. Rocher à son arrivée en Juin eut une forte ondée et c'est pendant des pluies fréquentes et très fortes qu'il fit en Aout et septembre son voyage vers Ifat. Les gens du pays disent qu'en Juin, Juillet et Aout, le seul vent qui souffle vient du N.O. qu'il est rare leger et étouffant et que lorsque la pluie tombe par torrens la chaleur est atroce. Auj. 12 avril la plus forte chaleur dans la maison est 34 G. 1 au dehors sous le souffle puissant du vent elle ne depasse guères 27 à 28 G. Tous les matins généralement le ciel est couvert de nuages et ils sont balayés vers 9h. du matin pas le vent du large.

Galla Itou δ

Selon K. les Galla Itou font un singulier usage de leurs boeufs : ils les saignent à la veine jugulaire et boivent le sang chaud soit pur soit mêlé avec du lait soit cuit avec du poivre et autres épices. La même bête sert plusieurs fois. Ces Itou sont tous cavaliers et usent de lances enormes dont le creux du fer peut contenir une petite main d'homme. Les Debane qui vivent dans la plaine au pied des montagnes Itou sont leurs éternels ennemis. Ils font leurs traités de paix ou plutôt de suspension d'armes en brisant un des os d'un mouton ou chèvre égorgé et disant alors yalla ke degun. (que Dieu te brise ?) Les Eysa et les Moudayŧou emploient le même genre de ceremonie avec les Uema.

Quand un homme blessé ou serré de près veut se rendre il

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