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toujours menacée.
Du côté italien nous arrivons à la pointe du cap Spartivento qui descend d'un saut brusque dans la mer, comme un cap Fréhel et qui a si je ne me trompe, un phare à sa pointe. Toute une région en taupinières pointues comme labourées farouchement par d'énormes taupes, de petits bouts de verdures dans les replis, de rares touches de vert jolies de ci de là. Au pied une lisière marine toute basse avec des maisons. Par instants une coupure plus profonde formant vallée. La silhouette du sommet hérissée [illisible] de bosses et de rochers de larges lits de torrents qu'en bas un pont franchit et que bordent des parapets. Nous allons entrer dans le bassin oriental de la Méditerranée : nous sommes déjà presque en Orient. La matinée d'ailleurs reste fraîche excepté sur la partie du pont où le soleil donne à plein et qui est pour l'instant tribord, du côté de la Sicile. Non, il y a une haute maison blanche et pas de phare, à moins que cette maison isolée que domine qque chose ne soit le phare. Ce ne doit du reste pas être le cap Spartivento, car au delà une autre longue ligne de terrain s'enfonce en s'aplatissant dans la mer. Le chemin de fer suit le rivage : nous voyons passer des trains. Et toujours les mouettes.
Il est dis heures et demie. La Sicile a disparu derrière nous, mais nous longeons encore le Spartivento dont les hautes croupes sont couvertes de neige, et dont les croupes basses vont peu à peu s'abaissant jusqu'à la mer. Même quand nous nous en sommes éloignés, sa silhouette reste longtemps visible en légère estompe sur le ciel septentrional. Nous n'avons pas entendu chanter les sirènes. Elles sont mortes depuis Ulysse, au moins ds cette mer.