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GRET GANT Y:TANGUY DA Y:TOQUER. 1820. La cuisine est éclairée par le jour vert des arbres du cimetière. Des femmes mangent là, gaîment, le pardon fini.

Nous sommes venus à Trégastel-Primel, cette après-midi du 24 juin. En longeant la grève pour gagner les Chaises de Primel, nous suivons des grèves caillouteuses où se dressent des masses de roches qui forment les 4 coins d'une sorte de quadrilatère où frissonnent des blés. Au pied de l'un d'eux, tout contre le galet, et protégée par un rempart de terre, presque de plain pied avec la grève est une antique chapelle sans âge, étroite, exiguë, faite de cailloux de la mer aux tons multicolores de mosaïques et à peine cimentés ; Il y a place dedans au plus pour une dizaine de personnes. La prote est fermée à clef, pas de fenêtre latérale ; mais dans le pignon oriental s'ouvre le volet qui ferme la fenêtre du chœur, ou plutôt le trou de cette fenêtre, car il n'y a ni vitres ni châssis. Et le regard plonge sur un spectacle lamentable : l'autel est encore à sa place, mais son retable gît à terre. La porte du tabernacle ouverte, comme pour montrer le vide du dedans, le dieu en allé. Ça et là, des fragments de chaises brisées, et sur l'unique poutre un Christ en croix, comme au-dessus des jubés, montre son dos vermoulu. Pas un saint n'est resté sur les consoles de pierre encastrées dans les parois. C'est le vide, le silence, la solitude et la mort, la fin d'un culte.

Un gamin ramène sa vache : je lui demande le nom du saint.

- N'ouzonn Ket, me répond-il, indifférent.

Plus loin, d'autres gamins qui jouent dans le tas de rochers à l'abri du vent, avec les débris d'un crabe desséché, me répondent que c'est Chapel ar Bêlec. De quel prêtre ? Ils ne savent pas. Et cela est plus mystérieux encore.

Je franchis un premier amas de roches, puis, au-delà, le pont branlant jeté sur l'abîme qui sépare l'énorme masse des Chaises de Primel de la terre ferme. C'est une prodigieuse babel de pierres, un promontoire prestigieux, d'où l'on a, sur la mer tourmentée d'alentour, le plus extraordinaire coup d’œil. Là-bas à gauche, la longe échine du Léon, avec les flèches du Kreiz Ker, de Saint-Pol, de Roscoff et le