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92

[indiqué sur la page de l'agenda portant la date du jeudi 26 mars]

Grand branle-bas, ce matin. Nous sommes sur pied avant 7 heures, bien que couchés hier après onze heures, parce que Jenny et Franck terminaient un peu tard, nos malles. Ali a l'air joyeux. Il a commencé son jeûne. Il nous apprend qu'il a deux femmes et un fils qui va venir au Caire demain. Nos bagages sont emportés : nous attendons maintenant 9 heures pour gagner la gare, à notre tour. Il fait un soleil merveilleux, avec du vent du Nord assez vif, qui rebrousse les vaguelettes du fleuve. Saleh me donne son adresse qui est chez Cook. Et maintenant à 9h1/2 nous voici dans le train à Alexandrie le steamer Italien Hesperia qui doit ns déposer à Gênes, après avoir touché à Syracuse et à Naples. Nos adieux aux gens du Sérapis ont été émouvants. Le Reis silencieux se tenait à la coupée et nous a serré la main à tous avec un grand air de [illisible] souriante. Mon ami Ali-el-Aziz Mohammed le jeune Nubien au chapeau bizarre en forme de tarbouch et de turban à la fois, d'un beige douteux, m'a serré la main d'une façon toute particulière, heureux que je me fusse rappelé son nom ... Nous sommes partis. Une haie Stractus au bord d'un champ. Les plumets des palmiers retroussés par le vent du Nord. Toute l'activité de cette vaste plaine verte, coupée de canaux. Nous jouons au parchisi. Déjeuner sur le train, excellent. A Alexandrie, assauts de porteurs, confusion, cris. Enfin nous montons à bord de l'Esperia (sic) qui est de Napoli, - paquebot de grand luxe où tout semble d'une propreté absolue. Répartition des cabines. Pas mal d'Allemands à bord. Beaucoup d'Anglais. Mais presque tout le personnel parle français. Avons regardé s'éloigner la côte basse de l'Egypte, bientôt disparue dans le lointain. La mer d'un bleu de lapis-lazuli, calme quoique le vent du septentrion continue à souffler. Et maintenant l'Egypte n'est déjà plus qu'un souvenir ds notre mémoire. Mais quel souvenir ! Et comme il pèsera longtemps sur nos autres impressions !