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[indiqué sur la page de l'agenda portant la date du dimanche 22 mars]

Levés ce matin à 7h1/2 Il fait temps gris, vaguement teinté de soleil à travers les nuages diffus, mais temps doux, sans presque un souffle de vent. Nous avons dû nous remettre en marche de très-bonne et nous voici en route pour les pyramides de Sacchara, que ns visiterons aujourd'hui. Au fond, c'est notre dernière journée de navigation, car demain nous serons de retour au Caire. Nous nous sommes envasés vers 10h et ns avons assisté alors à un travail magnifique pour nous dégager. On a mouillé l'ancre afin de s'en servir comme d'un point fixe auquel on a attaché un cable que tous les hommes avec leurs allahelé ! ont enroulé autour du cabestan. Mais c'est le lever de l'ancre ensuite qui a été superbe. Nos plus solides hommes à moitié nus se sont jetés à l'eau et ont soulevé l'ancre, moitié en nageant, puis l'ont apportée ainsi sur leurs épaules nues qui montraient des muscles puissants. La coloration de leur chair était plutôt blanche, je veux dire sentant le sang blanc, jusqu'au cou, c'est à dire jusqu'aux parties du corps brûlées par le soleil. La plupart étaient d'ailleurs ornés de tatouages, et cela me rappelle le juif de Luxor qui nous montrait le tatouage d'un drapeau américain sur son bras, pour nous prouver qu'il était bien naturalisé Yankee. De vrais poissons, d'ailleurs, ces mariniers du Nil. Des giashas sont échoués comme nous, autour de nous. Pour les soulager, partie de leurs équipages s'est mise toute nue et est descendue dans le fleuve où, enfoncés jusqu'à la tête et même au-dessus, car par instants on n'apercoit plus rien d'eux, ils travaillent, avec leurs épaules, comme des cariatides vivantes, à soulever l'avant recourbé de la giasha, pendant que le reste de l'équipage pousse avec les logues perches. Et l'on devine les allahélé ! (V. 5 février)