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[indiqué sur la page de l'agenda portant la date du dimanche 15 mars]
La fin d'un beau voyage vers la Haute-Egypte. Quand je me suis réveillé à 6h1/2, ce matin, j'ai eu le pressentiment que nous allions bientôt larguer nos amarres. Peu après, en effet, on entendait les coups de maillet donnés par les gens de l'équipage pour ébranler les piquets plantés dans la grève, en arrière du ponton. Nous nous sommes aussitôt levés, Mary et moi. Nous voulions assister à la manœuvre de départ et saluer une dernière fois ce paysage d'Assouan qui est à reléguer désormais parmi les choses que nos yeux ne verront plus. La lumière est comme toujours merveilleuse : les montagnes sont roses, avec des coulées mauves. Il souffle un vent assez fort, venant du Nord et que nous aurons par conséquent en tête, quand nous allons descendre le fleuve. Pour l'instant nous le remontons encore. Nous faisons cap, en effet, vers la cataracte. Nous longeons les grands rochers de basalte couchés dans le fleuve, comme un troupeau de statues étranges d'un noir-bleu, sculptées par les eaux du fleuve et où l'on devine des formes de Pharaons assis, de sphynx allongés sur leurs patte, tout le monde d'êtres et d'animaux que les sculpteurs égyptiens n'ont eu, en quelque sorte, qu'à dégrossir, pour leur imposer la figure éternelle et massive que nous admirons en eux. - Adieu [Nitomètre?] dont je salue en passant la petite poterne ouverte sur le fleuve et par laquelle on entrevoit les dernières marches de l'escalier ! Adieu, cartouche royal gravé V. 15 janvier