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de très loin et d'une terre tourmentée, comme dans un lieu de repos, dans un asile d'éternité. J'ai passé devant la "maison double" d'Yves-Marie et me suis arrêté à la première auberge. Je l'ai fait prévenir que quelqu'un l'y attendait. Il est venu, j'ai dit mon nom, nous nous sommes embrassés, et cela simplement, sans embarras, mais presque comme si nous nous étions vus la veille. Il m'a dit : tu ne dîneras ni ne coucheras ici, et je l'ai suivi dans sa maison où sa femme m'a gentiment accueilli. Il y a de l'extraordinaire dans son histoire dont il m'a conté tout de suite le principal épisode : son mariage avec la veuve de son frère, notre Pierre d'autrefois, le garçon gai un peu hurluberlu, si original et si [?] à tous. Toute l'histoire d'ailleurs est à retenir. Il avait acheté en Amérique, dans l’État de Californie, près de la colonie phalanstérienne des fils de Pierre Le Roux, à Cloverdale, quelques arpents pour y faire avec un associé la culture de la vigne. Tout était installé. Pour se débarrasser de tout bien en France, il tint à revenir afin de vendre le peu de bien qui lui restait encore en terre française. Il trouva son frère marié à une demoiselle de Trébeurden et y ayant construit une belle maison neuve, la plus majestueuse, la plus cossue de la bourgade. Pierre le supplia de demeurer quelques temps, et il s'attarda dans la douce hospitalité fraternelle. Cependant, son dernier bien allait être vendu, lorsque l'on apprit que Pierre (capitaine au long cours) était