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[indiqué sur la page de l'agenda portant la date du mardi 3 mars]
Nous ns sommes couchés à 10h du soir hier, pendant que les autres jouaient au bridge dans le salon. A peine étions nous au lit que les lumières se sont éteintes et Mary a dû chercher à tâtons dans les ténèbres pour ouvrir une des fenêtres. Tout le pourtour du pont était tendu de toiles blanches pour mieux envelopper notre sommeil et nous garantir du vent qui soufflait d'ouest. - Il y a, paraît-il beaucoup de vent en Egypte. J'ai passé une nuit délicieuse et ne savais plus où je me trouvais au réveil. De l'or solaire glissait sous notre porte quand j'ai ouvert les yeux. Nous étions déjà en marche depuis 6 heures. Sur la rive droite la chaîne Arabique découpait ses hauts promontoires d'une ligne si nette, entrecoupés par intervalles, semblable elle-même à une série d'immenses tombeaux. Une Sakkyeh travaillait juste en face de nous, sur la rive droite que nous frôlions presque : il y en avait même deux côte à côte, pompant en même temps l'eau du fleuve, deux buffalos tournant chacun une roue, au bout du levier, du même pas éternel, comme s'ils n'eussent fait que cela depuis la 1ère dynastie. Des vols d'oiseaux passent, des bécassines d'abord, puis vient un vol d'oies sauvages, enfin un vol de canards rasant l'eau. Il y a aussi des alouettes. Nous mangerons de tout cela à table, ainsi que des cailles dont c'est la saison. Frank en a fait embarquer. Nous avons croisé Sésostris, un Cook à voiles qui se faisait remorquer pour aller plus vite. - Séance de concert barbare sur le pont. - Aussitôt après nous sommes allés nous coucher. On a éteint les lumières un peu plus tard que d'habitude.