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50 à tomber. Ce n'est pas qu'on les désire, me dit Saleh qui a pris près de moi la place du guide et conduit le cheval. D'ailleurs, cela ne se résout pas en averse, et nous rentrerons sans être mouillés. Un gamin à âne se sert de ses deux mains pour dépouiller une palme afin de s'en faire une cravache. Il galope sur son âne en battant l'air de ses petites jambes comme s'il était assis dans un fauteuil. Les femmes ne cherchent pas à se voiler quand nous passons : elles me regardent bien en face. La plupart au reste sont
[indiqué sur la page de l'agenda portant la date du vendredi 13 février]
Marius a dû repartir aujourd'hui sans que nous l'ayons revu.
flétries avant l'âge et, vieilles, ont l'air de sorcières.
Sauf une cependant que nous rencontrons au
delà de Bedrahin, qui s'en vient seule, sans voile,
un cercle de cuivre autour du front, des anneaux à
ses filles et drapée élégamment, la taille fine, le
port superbe, la figure étrangement grave avec
qque chose d'imperieux. Elle est nettement jolie,
quoique basanée. Nigrasum, sed formosa, a
t'elle l'air de dire. Je devine une Gawashi et
interroge Saleh, mais il se contente de me répondre
que ce n'est sans doute rien de bien. - Nous rentrons
à bord. Et notre dernier bout de navigation commence.
Fini bientôt du beau voyage. Déjà dans
le septentrion, vers l'Est, se dessinent les lignes
de la colline de Moklattam. Mais cette journée
comptera parmi l'une des plus intéressantes de notre
randonnée. Elle nous aura rendu le désert, les
pyramides, les tombes, le tout en même temps, et
ce site sacré de Memphis où, d'une grande capitale
d'autrefois, il ne reste que des palmeraies, quelques
huttes à leur ombre, et, dans ces huttes une
population qui ne sait plus rien de son ancienne
histoire et à qui le nom de Memphis même,
prononcé au passage par les guides et les touristes
n'apprend rien, sinon que les objets qu'on y trouve ont
une valeur monétaire et que ses pèlerins y viennent
à qui réclamer le backshich !