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[numéro ?] Journal (Kobbo) 14 juin 1843 395
prétexte pour partir au plus vite du camp du Ras chez qui je perdais mon tems. Je m'arrêtai pour observer la source chaude de wanzage misérable hameau temporaire bati dans un creux et sur la rive gauche du Goumara. la source est confinée par un gros tube de sorte qu'on peut y prendre des douches même ascendantes. Là un chef m'appela à part et me pria, d'après ma connaissance des livres, de lui donner un conseil sur la campagne qu'on projetait en Gojam. Je repondis que pour le Ras il ne me convenait pas de dire à personne ce qui lui adviendrait mais que pour lui je lui conseillais de rester tranquille dans le sein de sa famille et de ne pas songer à une campagne jusqu'après les pluies. nous fimes ce jour là une forte journée jusqu'à Zara S.t michel bati dans une epaisse forêt de [réserve ?] sur l'ados qui separe la basse plaine du fogara de Kwarata. cette èglise fut fondée par Ati G. mask'al et on prétendit que son nom était derivé de zara l'Israélite ce que je ne crois pas car le nom me parait Agaw. Je vis là un ex-favori du Ras Gougsa le plus petit nain que j'eusse vu nulle part.
Le lendemain j'allai à k'warata où je devais rendre le tar. nagast de Daga astifanos et le Sane fatarat de ŧana. Le marchand Kahsay me conseilla de ne pas aller par le pont qui était gardé militairement par les deux parties. Il me fit annoncer sur la route comme messager de l'Aboun pour faire la paix entre le Gojam et le Ras. ainsi nous arrivames bientôt sur les bords de l'Abay.
γ
372 γ Je n'avais encore vu que le Rhone sortant d'un lac mais son courant est toujours rapide son lit encaissé et il ne peut servir de parallèle. pour décider sur la controverse du cours de l'Yeou que les voyageurs fesaient entrer dans le lac tad et que le L.t Allen au contraire en fait sortir. L'Abay est au contraire un excellent point de comparaison. Je ne l'ai pas vu au döldi mais au bac de Goudrou où il doit être bien plus volumineux il n'a qu'environ 60m de large. [à?] bahr dar d une ou deux iles, un courant très-faible et une enorme [52 ι ?] largeur de 200m pourraient laisser croire à un courant vers le lac si des rapides d'environ 0.4 mètre de haut n'indiquaient clairement le sens du courant. A très-peu de distance des berges le nageur perd fond maint.t comment seraient les apparences si la rivière se jetait dans le lac ? le lit s'elargirait, le courant serait faible, et des iles se formeraient par alluvion comme je l'ai noté dans le ŧana. or tout cela existe en apparence à l'Abay.
bahr dar S.t george est un sanctuaire assez respecté construit de maisons en général très-espacées et tout à fait sur le bord du lac qui termine là ce qui improuve fort le tracé de M. Ruppell. La maison du mamhar a un 1er étage, une physionomie Européenne et doit sans doute son origine aux Portugais qui ont été jadis fort nombreux dans ses environs. Je ne pouvais rien décider sur le type des habitans car le sanctuaire était plein de réfugiés par crainte de D. Börrou non pas seul.t de ces bandits bien reconnaissables à leur physionomie, mais encore de gens paisibles du meta avec leurs troupeaux. Il y avait plus de mille vaches dans le sanctuaire. On me reçut comme un gros sire et j'eus quelques conférences religieuses avec les gens d'église. J'envoyai Ahmedo et Abbouie demander une escorte à D. Gwocho qu'on disait à dabra may. l'escorte vint le 4e jour mais se cacha dans le bois et deux soldats seul.t vinrent jusqu'à nous. c'en fut assez pour faire croire qu'on allait piller le sanctuaire et une scène de confusion s'ensuivit et dura jusqu'à mon depart.
Nous partimes enfin à travers un long braha qui separe le meta du bagemödr car l'Abay ne suffit pas pour arrêter les incursions hostiles : le braha a dû être en pleine culture quand les Portugais et surtout quand Ybaba florissaient. Auj. il ne contient que des arbres rabougris et sert de repaire aux brigands. sa pente est vers l'Abay. Une femme avec son enfant ; parente du mamhar de bahr dar se fatigua à nous suivre à pied : personne ne fesait attention à elle. Je l'attendis une fois et une 2e fois provoquai une halte pour qu'elle nous rejoignit. Enfin à la 3e fois on m'annonça qu'elle s'était assise tout seule, incapable de nous suivre, et qu'on l'avait abandonnée. Tant l'indifférence des Abyssins va loin ! Je la mis sur ma mule, suivis à pied et aucun des cavaliers de mon escorte ne m'offrit son cheval bien qu'ils fussent venus exprès pour moi.
Faras wagga joli village dans le creux de la vallée est le 1er lieu habité. J'entrai dans l'enceinte de l'eglise et entamai avec un dabtara une longue dispute sur le fatha nagast tandis que chalaka öngöda discutait à la porte pour me procurer une maison et mon souper. Comme il sabra l'affaire il eut fini sa chicane avant moi et nous entrames dans une hutte ronde où un jeune garcon nous éclairait avec des brins de paille qu'il allumait à tour de role. Il faut avoir la patience d'un Abyssin pour faire bruler une pareille chandelle.
Le lendemain nous partimes en serrant de près et laissant à gauche le pic d'Abola nögous qui ressemble beaucoup par sa forme et son isolement au gount de l'Armatoho. jadis dit-on, Abola, roi des bouda du Gojam regnait ici et devorait une jeune fille chaque soir. nous passames bien des landes où chalaka öngida m'assurait avoir joué dans son enfance au milieu de champs bien cultivés et de rians villages. C'est donc de memoire d'homme que la fertile meta a été dépeuplée.
Les camps des Dadj azmat Gwochou et Börrou étaient sur une large [ados ?] du daga entre agötta et l'èglise d'asegar qui est à peu près abandonnée et n'a pas une hutte dans son voisinage. L'armée était éparpillée dans des huttes et enclos faits à la hate sans ordre apparent, ni gardes ni portes avancés, et plus de la 1/2 consistait en femmes. une vaste tente la plus grande que j'aie jamais vue ornée de marqueterie rouge et noire avec beaucoup de simplicité et de gout servait de retraite au cruel Dadjaz amat Börrow. Son palais de toile était presque vide et je le trouvai à l'extremité supérieure assis par terre sur un tapis par terre et jouant aux échecs : il me salua d'un ton pressé me fit asseoir à sa gauche et continua son jeu sans faire la moindre attention à moi. D. Börrou a le teint bien plus sombre que le beau rouge wayzaro de son père. ses traits sont grands et durs et il a par intervalles une expression remarquable de stupide férocité. son front est le plus beau que j'aie vu au pouvoir en Abyssinie (je n'ai pas vu celui d'Oubi dans la lumière du jour) et sa tête a perdu beaucoup de ses cheveux ses os sont grands ses jambes longues et son pied énorme pour un Abyssin. Par terre ou sur l'alga il n'a point de grace, mais on m'assure qu'il en est autrement lorsqu'il monte son cheval gris mandja. Je lui présage l'empire de l'Abyssinie mais [sténographie ?] croit qu'il mourra jeune. Je lui montrai trois lunettes mais il n'en fut pas content. Cette audience eut lieu le 16 mars.
Le lendemain je descendis dans le k'walla pour voir le D. G wochou qui prenait les eaux chaudes dans le lit d'un torrent où un soleil vertical entretenait une chaleur qui me sembla epouvantable. Le Dadjazmat avait son alga tout à coté de la source intermédiaire celle d'en haut étant plus chaude et celle d'en bas plus froide. la pl. grande partie de sa hutte étaitr occupée par des orfèvres autour de leur simple forge et quand le confesseur du prince et moi fumes assis il n'y avait presque pas de place pour mon frère. De grands yeux, un reste de chevelure rassemblé en tresses simples, le bas des joues gros et donnant à la physionomie une expression Anglaise voilà le portrait du D. G wochou. Ce qu'on remarque le plus en lui c'est l'amenité de ses manières et le constant sang-froid avec lequel il accepte chaque evenement d'une vie aussi [orageuse ?]