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le 14 Juillet Passé deux heures chez Loulou. D’abord un groupe bruyant discutant d’histoire de dette de chameau, d’argents et en me forçant à écouter parler en tamahaq. j’essaie d’être discret, impassible, de comprendre leur vie leurs soucis, leur esprit. Mais quelle dure gymnastique mentale et psychologique ; quel long travail, Quelle dure leçon subir d’être parmi les autres, pas plus respecté aimé ou attendu ; parfois beaucoup moins. Il n’y a pas d’hostilité violente mais pour certains comme le caid et son frère je suis une espèce d’espion qu’on verrait déguerpir avec un grand soulagement. Je ne puis faire autrement que de me maintenir à ce rythme, ou seul le plus patient gagne toujours. La solution qui consisterait à payer un homme qui répondrait toute la journée aux questions poses à l’avantage d’être très rapide, mais elle est artificielle et onéreuse. Pour des gens comme le vieux Dahman habitué à répondre dans le sens de l’esprit français c’est un moyen possible ; mais pour les autres dans cette période de suspicion c’est jouer le tout pour le tout, sans ménager l’avenir.
j’ai terriblement besoin d’apprendre à parler le
tamahaq il me faut absolument avancer, améliorer mon vocabulaire, c’est primordial.
J’ai beaucoup d’appréhension pour l’avenir de Barrère ici. Il est devenu un élément à la fois fort efficace et intégré qui gêne beaucoup l’influence
des leaders locaux. Ayant déjà contre lui
le chef traditionnel toujours respecté et avec lui certains touaregs, il risque bien d’être mis tôt ou tard en demeure d’abdiquer son rôle et sa place n’étaient plus soutenu que par son chef hiérarchique l’inspecteur d'académie. Ce dernier s’inclinera obligatoirement devant la raison d’état.