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De bonne heure, au froid, à la saison froide, nous partons pour arroser le jardin. Le propreté on l'exige à l'école. Les parents ne sont pas contents, car ils entendent le mot frapper. C'est tout ce qu'ils entendent. On leur dit que le maître nous instruit, pour défendre nos parents, pour être un jour un commandant, mais ce n'est que tout dernièrement qu'ils ont compris tout cela. Ils étaient contents pour cela, mais quand on leur disait qu'on nous frappait, sur leurs visages, la tristesse. On continue les vacances en brousse, nous sommes sérieux. On prend du lait, car on a fait l'année scolaire sans beaucoup de lait et de fromage, sans [s'amuser?], on a oublié ce qui se passe en brousse.
A l'approche de la rentrée, les goumiers viennent nous chercher un à un. Les parents ne nous amènent pas. Et chaque fois les pleurs commencent, les pleurs du premier jour recommencent. Ils n'ont pas compris qu'on est à l'école pour notre avenir et pour leur avenir. C'est tout dernièrement depuis l'indépendance qu'ils ont compris. Parmi nous, ceux qui ont fui l'école, ceux qui ont été renvoyés, le regrettent. Les parents et les enfants aussi regrettent. Maintenant, ils amènent les enfants qui ne sont pas recrutés pour qu'on les prenne à l'école. Les enfants ne pleurent pas car ils voient que j'envoie des habits à mon père.
J'ai fait 8 ans à l'école ; j'étais sorti avec l'examen réussi. En 58-59, j'étais à Menaha, en 60 j'étais sorti de l'école. En 60, j'étais parti en brousse et je vois que c'est regrettable de rester en brousse avec mon diplôme. Alors je suis allé à Gao, j'ai eu la chance