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La nuit est absolue, maintenant, avec des rares étoiles lointaines dans son velours compact et somber.
- Alla-hallè (allons-y) !
Telle est la perpétuelle phrase qui revient dans l'espèce de chant, si cela peut s'appeler ainsi, qu'une partie de l'équipage est venue nous chanter, le soir, sur le pont. C'est, me dit Saleh, un chant de marinier du Nil, issu de la Haute-Egypte. Ils sont une douzaine assis à la musulmane, sur le tapis, entre la cheminée et la writing room. Une espèce de Cheikh enter deux ages tient le tam-tam qui est de forme spéciale [croquis] et dont on chauffe la peau de temps à autre pour la rendre plus sonore. Un des marins descend pour cela chaque fois qu'il est besoin. Pendant qu'il bat le tamtam avec ses mains, les autres se frappent les mains en cadence, et deux Nubiens en fustanelle si je puis dire, dansant en battant le pont de leurs pieds-nus. Par moments ils s'accroupissent tout en dansant. Les muscles de leurs maigres jarrets noirs sont tendus comme des cordes de violons. Et toujours le vieux chant monotone qui a tant retenti sur les eaux du Nil fait entendre sa note éternellement la même. Deux épisodes comiques. Un des chauffeurs apparaît avec une barbe d'étoupe : un barbier improvisé veut lui couper les cheveux avec une hache cependant qu'un autre met le feu à sa barbe ; puis c'est un des marins qui se deguise en jeune fille et danse la danse non seulement du vente mais de tout le corps qu'il fait mouvoir comme une vague. Après chaque épisode ils poussent tous en choeur :