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soleil luisait sur la mer toute jeune. Nous avons passé depuis qque temps les îles anglaises (la veille, j'ai vu les feux de Jersey et ceux du Cotentin ds le lointain. Puis, vers 8 heures, l'heure où j'écris adossé au bastingage, la brume est venue, la brume anglaise, le temps blanc. L'île de Wight qui a fait une rapide apparition à tribord s'est aussitôt noyée. A tout moment nous stoppons : on ne voit rien devant soi. Le capitaine attend un effet de soleil. Et ns sommes bientôt à l'entrée de Southampton, paraît-il, d'autant plus qu'il y a un peu de rivière à faire. Mais, de côte, pas encore l'ombre : on ne voit pas à 500 m. A 8h 1/2, le soleil se lève de nouveau : le blanc laiteux de la mer se bleute. Devant nous, à tribord, se profile l'île de Wight, très-longue, avec sa raie orangée au ras des eaux. Le pilote de Cancale, attaché à la Compagnie se moque un peu en dedans des tergiversations du capitaine qui à pris la barre depuis que ns avons quitté les eaux de France (l'autre a conduit jusqu'à 1 heure du matin. Ns sommes allés à 15 lieues à l'Ouest de Southampton, paraît-il. Enfin, les sons d'une espèce de gong de la mer résonnent devant nous, au loin, tandis que la brume se remet à épaissir. Ces sons, très harmonieux d'ailleurs, nous annoncent l'entrée de la Rivière de Southampton. Il est près de dix heures et ns sommes encore assez loin. A tout instant notre sirène hurle. Et voici que surgissent à bâbord, ds la brume blanchâtre, des formes d'îles étranges, toutes blanches, disposées en file. A la pointe de la première île une tour de phare : c'est là que sonne le gong très mystérieux et doux comme une sorte d'angélus très espacé. Cette cloche, paraît-il, sonne toute la journée quand il y a du brouillard. Notre pilote cancalais s'appelle Eugène Hardy : il n'est pas du corps de pilotage, mais pilote de Compagnie. Il est breveté comme capitaine au Long Cours. Et maintenant ns voici devant la côte tout proche de l'île de Wight qui par les falaises hautes et abruptes de sa pointe me rappelle certaines formes du Stif à Ouessant. Plus loin, toujours, le long de Wight, la côte s'adoucit, dévale en pentes plus douces ; des villas apparaissent parmi des bouquets d'arbres ; Nous sommes définitivement sortis de la zone de brume, dont les couches continuent de flotter derrière nous, au large, comme une espèce de rideau montagneux,