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en silhouette sur les hauteurs dénudées, sur les mejou ou méjeier, comme on dit ici. Cela rappelle les paysages de Port-Blanc, comme aussi, avec moins de pierres, et un air de désert plus morne, la traversée d'Esquibien à Saint Tujen. Nous laissons la voiture dans le chemin houleux et nous coupons à travers champs. Nous longeons des mines où, paraît- il, s'éleva jadis un manoir. Le calvaire est au midi de l'église. C'est une pièce de sculpture merveilleuse, aux pierres un peu déjetées, aux bas-reliefs un peu rongés par le temps surtout sur la face Sud. C'est toute la vie du Christ depuis la scène de l'Annonciation jusqu'à l'apothéose douloureuse du Calvaire. La face principale regarde l'ouest, si je ne me trompe. La scène des couches de la Vierge est de toute beauté : Marie est allongée, la tête sur un coussins, les draps tirés jusqu'à mi corps, dans une pose à la fois très naïve et très naturelle, un homme dort entre les bœufs et l'âne, probablement Joseph. Un ange se tient auprès de la couche. A noter encore au second étage la scène où Pilate se lave les mains. Du reste, tout est à noter. Dans la face sud, si rongée, un bas-relief, le premier, est tellement défiguré qu'on ne s'y reconnaît plus. Les gens du lieu interprètent le sujet à leur façon : ils prétendent que c'est l'histoire de neuf Kéméner essayant de charger un sac de son : interprétation bizarre, justifiée par des tas de figures voletantes dont l'une, en