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train de marchandises. Et, tout de même la barrière s'ouvre, et nous voici en route dans l'obscurité. Bob et moi, nous nous rencognons l'un contre l'autre. L'homme cause, assis sur le rebord de la voiture. Il me conte tous les kilomètres qu'il a parcourus aujourd'hui. Entretemps, il me dit :
- Je crois vous avoir déjà vu, Monsieur.
Je réponds :
- Oh ! oui je suis venu souvent à Bégard, plus souvent que je n'y viendrai désormais.
A t-il compris ? Sans doute. En tout cas, avec une discrétion vraiment admirable, il ne fait pas une seule allusion à l'événement qui doit nous amener en ce pays ni à la morte qui nous attend au bout de la route. Il me raconte d'autres histoires, n'importe lesquelles ; me parle de son patron, Péron aujourd'hui maire de Bégard, me confie comme quoi, c'est lui qui raccommode les mauvais ménages ... etc ... Et nous arrivons au bout d'une demi-heure qui nous paraît singulièrement longue. Nous enfilons la rue, sinistre dans la nuit, où se trouve le bureau de la poste. Tous les volets sont clos. Je règle à l'homme le prix de notre voyage, et nous entrons. Sur la porte de la salle à manger, Edouard nous accueille. Yves-Marie, avec sa face