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6 septembre 1947 [rollo 5]
= Départ avec H. Deleuze pour un "rancho".
Après Ixmiquilpan, on prend un chemin de terre dans une sorte de steppe avec des cactus et qq. magueyes. qq. petits ranchos et maïs. A 3 - 4 kms une chaussée séparant deux étangs. Deux arbres [pirus ?]. une construction massive [en marge : une hacienda :] de pierre : El Bermejo. Une grande porte dans un patio (avec sa tienda, à l'entrée) étroit et long ; au bout un arc dans une façade percée de deux petites fenêtres introduit par une sorte de Zaguan dans un petit patio à arcades couvert d'une végétation exubérante. De vastes pièces sur 3 côtés. Toutes les pièces sont voûtées. Du toit (les voûtes) on voit la vaste construction carrée ou rectangulaire avec un parapet, une petite tour et un gros "torréon" carré percés de meurtrières : un véritable château féodal. De l'autre côté un haut mur entoure ce qui doit être une huerta avec nopales. qq. autres constructions paraissent être à l'extérieur de l' enceinte (ce sont essentiellement les casas des peons ?)
- A notre arrivée un tintamarre : 2 sont en train à l'aide d'un chaudron sonore et d'un... de tâcher de faire revenir un essaim d'abeilles "alboratado" qui tournoie en l'air et a quitté ses ruches.
- Deleuze tire des palomas et des bécasses dans le "bordos" (étangs faits pour fertiliser le sol où on sèmera du maïs durant la saison sèche).
Nous voyons : Simon, l'ânier, un peon qui, pour soutenir sa famille gagne 75 c +un cuartillo de maïs (de 65 c) = 1,40 par jour... - La cuisinière (!) Lorenza doit gagner encore moins, mais en revanche n'a pas le courage de plumer 2 pigeons.
- Le garçon à tout faire, Herculano, (de type espagnol plutôt, avec de la barbe) qui paraît tout à fait "parti" après 2 petits verres de rhum. Il comprend à peine ce qu'on lui dit en espagnol et tient des discours à peu près sans suite, même en état normal. L'un et l'autre paraissent vivre fort au ralenti d' une vie presque végétative.
C'est là, je pense, la dégénérescence de la hacienda qui, après avoir perdu son rôle social d'unité patriarcale où la grande famille vivait sous la protection du "patron", perdant son rôle d'unité économique et s'intégrant peu à peu dans l'économie d'échanges, tend à ne plus offrir que ces représentants misérables d'une société en décomposition. L'inertie et la paresse d'une Lorenza doivent être la réaction inconsciente du peon devant la faillite de la hacienda dans sa mission