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[55] Aujourdhui, lundi de la Pentecote, 1er juin 1914, pendant que Rennes s'ingénie à applaudir Poincaré, je suis venu avec Kik-Kik à ce qu'elle appelle la « Grande Pagne ». Nous avons longé le chemin de halage du Cabinet vert, et franchissant le pont, nous sommes descendus dans la prairie o nous venions autrefois baigner Cybèle et où Robert prétendait, pendant mon dernier voyage d'Amérique, qu'il l'amenait pour y pleurer mon absence auprès d'elle. Je pleurerais bien aussi, moi, cet après-midi, sur lui d'abord, et sur combien d'autres choses, et sur moi-même. J'ai, en effet, le cœur crevé d'abandon. Jamais le sentîment de l'effroyable qui désormais est mon lot ne m'a plus enveloppé. Et la journée que j'ai passé hier à St Brieuc, pour assister à l'arrivée du Président, celle que j'y avais passée la veille pour l'inauguration du buste de Villiers, la soirée d'hier à la table des artistes (Boucher — à demi ivre, ce pauvre Rousin, qu'on avait laissé sortir de [St Min?], puis Lenoir, Fougerat, Roger, et l'exquis, le distingué de Lappara), encore qu'on y rit fort surl e compte du fameux Baccaflor, l'Inca, en évoquant les histoire de son semi beau-père Tomaso, tout cela, — avec aussi la philosophie plus écœurée que Combe avait exprimée sur cs voyages présidentiels — tout cela me laisse triste, plus éperdu que jamais, d'une tristesse qui s'aggrave tragiquement de ce que je ne puis le confier à personne. C'est le