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dit le père Deschamps à M. Le Bouhellec en l'introduisant dans la pièce : un lit à rideaux blancs, d'une blancheur immaculée comme la robe d'une communiante.
Le recteur actuel de Houat, un gros bonhomme massif, fort en chair et en couleur, très bon vivant :
- On nous prend pour des sauvages : je vais vs montrer que je ne suis pas un sauvage. Et il commande à sa bonne d'aller chercher une bouteille de son vieux vin, mais quand elle l'apporte, il la gronde : - Vous n'avez donc pas compris mon signe ? Et à Le Bouhellec : - Elle n'a pas pris dans le bon coin ; j'y vais moi-même.
Tous deux causent en trinquant : - Ce qui se passe en France ne m'intéresse pas dit le curé avec un haussement d'épaules. La séparation, je m'en fous. Elle ne m'empêchera pas de faire mes 15 à 17000 francs par an avec ma cantine.
C'est lui, en effet, qui tient la cantine avec l'aide de 3 bonnes sœurs. Une de celles-ci est en permanence au guichet : c'est par là qu'elle sert au client le verre demandé. Il faut payer d'avance : pas de crédit.
M. Le Bouhellec me parle aussi d'un certain De La Boulaye que l'on appelait "le comte" dans l'île et qui était venu, il y a qque 4 ou 5 ans s'installer là dans un vieux fortin délabré - un des trois de l'île - avec sa femme et sa fille ou une amie de sa femme, on ne savait au juste. Il disait avoir été ruiné comme propriétaire de plantations aux colonies. Alors il était venu faire là son Robinson accompagné. Il chassait, cultivait un lopin de terre et, en réalité, mourait à demi de faim. Les insulaires,