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Ce samedi matin, 21 avril, par une journée merveilleuse, nous sommes venus à Kerbader. La chapelle est au fond d'une de ces grandes paludes herbeuses qui pénètrent et découpent cette côte basse et fleurie. Elle est près d'un ancien manoir seigneurial. Nous allons d'abord à la fontaine qui occupe le fond d'une grand pré mouillé. Elle est surmontée d'un joli édicule de pierre sculptée dont le granit est presque blanc dans le soleil. A la pointe de l'édicule, un vieux petit Christ de pierre. Ds la niche on a mis deux statuettes de porcelaine, l'un plus grande, l'autre, plus petite, deux Notre-Dame. Kerbader est d'ailleurs voué à N. D. des Neiges. L'eau de la fontaine stagne, toute verte de lentilles d'eau. Et c'est, tout autour, une grande solitude, un silence bruissant où, pour la première fois, ns entendons s'élever le chant du coucou.

Nous franchissons le ruisseau tout clair sur son gravier, et gagnons le manoir de Coat-Conan, par la route large, une ancienne allée, ouvrant à la fois sur le pignon de la ferme à gauche, sur la chapelle, à droite.. Un chêne immense et découronné précède l'entrée de l'aire. Il a des branches arrachées, dépouillées, comme par la foudre, et il a gibbosités énormes, monstrueuses. Rien de plus étrange que cette grande maison déchue. - A l'intérieur, c'est du noir, de vieilles armoires, de vieux lits, flottant comme des épaves dans la cuisine tro vaste qu'éclaire seul un vasistas de bois, ouvert dans 'lune des hautes fenêtres, à meneaux dont tout le reste a été bouché, aveuglé, à la pierre. Une cheminée monumentale, un âtre aussi élevé qu'un autel. La propriété appartient à M. de Blois, de Quimper.

A la chapelle. - Assez récemment reconstruite ; nef et deux transepts. - profusion de vieux grands saints - transept de droite : ND DE NEGE, ayant l'attitude d'une jeune Pieta, tout à fait une jeune Bretonne aux yeux de pervenche, avec une cape, comme les vieilles du pays, l'air de la fille du Christ sanglant qu'elle pore sur les genoux. Sur l'autel de ce transept, une N. D. de Victoire, je pense, présentant le Mabic, qui tient dans ses mains un bouquet de fleurs à vieux rubans, de robe nuptiale - Des mains de cire suspendues au mur - A côté, posé à terre un gd saint barbu, un livre en main, ouvert, dans doute St Joseph, dont on célèbre ici le pardon le 1er dimanche