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même Nouveau Monde. Après être restées un instant palpitantes l'une devant l'autre, les castagnettes constamment tenues au-dessus de la tête, les deux danseuses recommencent à marcher l'une au devant de l'autre, à s'éviter, à pirouetter, à se retrouver face à face. En définitive, cela manque de grâce et de beauté : il faudrait quelque génie, quelque Isadora Duncan pour en faire quelque chose de plus qu'une vulgarité charnelle trop suggestive d'obscénité. Dans les intervalles de danse, elles chantent au son de la musique des chants comme celui-ci :
Oh ! la nuit ! Rien n'est aussi aimable que la Nuit !
O mon cœur, o mon âme, o mon être,
Mon amour a passé ma porte sans me voir.
Oh ! la Nuit ! Combien aimable est la Nuit !
Le chant est en mineur, naturellement, avec une sorte de plainte qui traîne sous les sons. Est-ce l'écho des âges de péché où a vécu leur race qui met ce je ne sais quoi de déchirant dans leurs voix ? Ou bien y survit-il l’orgueil et le regret des honneurs que leur méritait jadis leur profession ?