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394 Les Gallas [393 ?]
beau-fils de Dibar. Les jeunes filles chantaient dans un petit cercle comme celles des Szomal mais avec l'assistance d'un tube de kröhaha sans trous, et que deux d'entr'elles soufflaient avec beaucoup d'ensemble. de tems en tems 2 jeunes Gallas se mettaient face à face, saisissaient leurs compagnes du bout des mains et secouaient tout le haut de leur corps en criant très vite : koi ! koi, koi !! Cette danse singulière qui se nomme aussi sörba est très-apre et en terminant les jeunes filles regardaient en riant et les larmes aux yeux. un jeune homme qui était avec moi en fit de même vis a vis la jeune fille qui accepta la partie sans balancer. c'est la tête et les seins qui vibrent le plus : les pieds ne changent pas de place. le sörba eut lieu sous un arbre et le soir du Dimanche quoique par le fait la S.t michel fut deja passée.
La maison où je passai la nuit a une bonne porte à l'Abyssine, à deux battans avec un gros morceau de bois en dessus taillé grossier.t en ogive. il n'y a pas de seuil mais la maison est entourée d'une bonne enceinte avec haie et 2e porte ce qui n'existe pas dans asandabo. J'ai vu aussi le [goulanta?] ne pas depasser le seuil du houla dinka. Il y a d'ailleurs dans toutes les maisons de petites pochettes en boue appelées girgiddi où l'on dépose les wanta, cuillers et autres petits objets.
Il est remarquable que jusqu'à la S.t michel (laquelle est 8 jours avant le K. mikael sane des Abyssins) je n'avais pas vu une seule jeune fille Galla. leur vêtement consiste en un seul cuir attaché comme la robe des femmes Szomal. elles ont la couronne rasée mais pas plus grande que chez nos prêtres en Europe, et le reste de leurs cheveux est comme ceux des femmes et des jeunes garçons, en cordes. une femme qui vint au madabbar ne voulut pas toucher mon cuir de sa tête jusqu'à ce que je lui disse qu'il était egorgé par un Borana.
önarya
Gouma et önarya sont des noms de lieu. Tous les autres noms sont des noms de tribus. ceux-là seraient-ils agaw ? Il existe un narīa (önarya) dans la presqu'ile de marawe au meroe.
Etant avec Choumi meta sans interprète, il me donna la liste suivante des officiers du gada ou gouvernement et dans l'ordre suivant : 1. sa abba - 2 abba babesa qui alluma le feu au moyen du tima ou batons à friction : c'était la fonction de choumi meta. 3 k'etala - 4 ittirda sanga - 5 darma - 6 bantisaka - 7 k'allata - 8 dagaga - 9 boutta - 10 gönna - 11 misansa - 12 abba bokko - son gada, le dernier [défunt?], était hörresa. le gada actuel est moudana. c'est en sane qu'on l'institue et le boutta est en [alme ?] ou hamle.
Voici le message de Choumi meta à abba bagibo : J'ai reçu ton message et y [illisible]. Je désire avoir la fille de ton fils pour femme. Ce que tu me veux je ne sais mais j'ai jugé de ton cœur par le mien et ne prévois que le bien. Je voulais t'envoyer haseyn le marchand [sténographie] mais il refusa. à la fin de maskarram je t'enverrai au marchand pour prendre ta petite fille et me la conduire.
projets d'abba bagibo
D'après la lettre d'Abba B. à Ras A'ly laissée chez C. meta et que celui-ci me fit lire Le Roi d'önarya se flatte de tenir tout le Goudrou par ce mariage ce dont je doute fort. Il est certain que le Goudrou ne restera pas long-tems dans son état actuel. Les gens du pays même s'attendent à voir naitre un Roi et le gueux de Ras oumco se croit le candidat. Dibar l'homme le plus instruit du pays et C. meta se croient aussi destinés à porter la couronne Dieu seul sait tout cela.
procès
Les G. de Djömma kaka sont très-processifs et leurs plaidoiries ressemblent à celles de l'Abyssinie par leurs paris juridiques : mais ils vont avec tant de vivacité qu'ils ont inventé des signes pour leurs paris. Aussi s'ils lèvent le pouce c'est un bœuf, l'index une vache, le medius un veau, l'annulaire un mouton (je crois), le petit doigt une mesure de grain. le geste de parer, allant et venant, de la main gauche signifie un beau boucher. celui de se couvrir la poitrine est le pari d'une toge. Au lieu du tatayak, litayak, ils disent kottou, donfi.
philosophe Borana
Dibar m'expliqua long.t comment le Soleil entre par une porte différente tous les jours de la semaine car je l'ai appris, dit-il, d'un homme qui a été dans le pays où le Soleil se lève. puis il me demanda si tout cela était vrai. Je lui dis que non ce qui le vexa après un aussi long discours. Cependant il se tira d'embarras habilement : science, science, dit-il, tout cela n'est qu'un vain nom : je suis vieux, ai passé ma vie à questionner et ne sais au bout de tout cela que deux verités : l'une que tout être qui est né doit mourir, l'autre que lorsque le Soleil s'est levé il nous éclaire. La verité et l'erreur sont separés par un point indivisible. midi est la limite de nos journées. La délibération du matin est bonne et vraie, celle du soir est remplie d'erreurs. Le songe d'avant minuit vient du diable, celui d'après est le message du ciel. qui separera des époques pourtant si différentes ? Abba Dia vous êtes un homme heureux allez dans votre pays et dites-lui ces paroles d'un vieux Borana.
toumbo ou pain Galla
La nourriture ordinaire des G. est le toumbo pain fait d'une pâte fermentée un peu plus epaisse que celle que les Abyssins emploient pour le tabita. Cette pâte est dans un pot et on n'use pas de mesure comme en Abyssinie. on commence par renverser un petit ele nommé kasi sur le gimdji ou les trois pierres : par dessus on renverse le grand ele et son couvercle est posé par coté de manière à se chauffer aussi par [un ?] feu vif qu'on fait. quand le tout est assez chaud, on met l'ele comme à l'ordinaire et par dessus on place le kasi comme il était sur le feu c.a.d. la partie bombée en dessus. Puis on jette la pate sur le kasi et elle s'y arrange d'elle-même, la portion qui tombe sur l'ele formant le rebord du pain absolument comme nos assiettes. Le couvercle étant mis et luté avec la bouse de vache on laisse ce four très-portatif continuer à se chauffer sur le feu. Le toumbo a une croute intérieure mince et je le trouve plus agréable que le tabita. Dans son creux on verse du lait de beurre presque toujours très-aigre car on laisse le lait se cailler avant de le battre sous pretexte qu'on en retire ainsi plus de beurre.
viande
C. meta emploie un gril en fer grossier pour sa viande mais ordinairement on coupe la viande en lanières qu'on suspend aux bouts de deux batons tenus des deux mains et l'on grille ainsi dans la flamme. on peut retourner deux ou 3 fois d'où le tabs Galla me semble meilleur que celui des Abyssins et est moins charbonné. Les G. mangent la viande crue mais moins que les Abyssins. Ils mettent de la graisse de coté et la mangent crue. Ils ne sèchent la viande au soleil que pour aller à la chasse, et ne connaissent pas l'ouloua des saho et A'far.
boissons
La bière ordinaire est comme celle d'Abyssinie. la bière bokkori du Goudrou est aussi forte que le porter Anglais mais moins bien préparé bien qu'on la filtre souvent avant de la boire. l'hydromel est en general depourvu de l'addition d'un principe amer. on ne boit le lait que caillé ou depourvu de beurre. Je n'ai jamais vu un Galla boire de l'eau chez lui. Ils mangent dès la pointe du jour en se levant puis vers le midi et enfin le soir et ces repas sont plus abondans que ceux des Abyssins. Dans un repas solennel on boit toujours et avant et après le manger.
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