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Paimpont, ce vendredi soir, 7 octobre 1910.
[Je continue ici les notes que j'ai commen cé à rédiger sur le précédent cahier.] - Passé la maison forestière, nous sommes arrivés au grand chemin qui redescend vers Paim- pont et se continue, au-delà, vers le Pas du Houx. - Et nous avons repris nos cris d'admiration devant les splendeurs déjà répandues à profusion par les premières [illisible] de l'automne surtout cet éton- nant pays. Toutes les variétés de teintes et tous les contrastes. Le vert profond, le vert puissant, le vert éternel du houx s'allu- mait et scintillait au soleil déclinant, parmi des peuples de hautes fougères qui, dénichées, étalaient d'une lente agonie toutes les gammes du jaune, de l'or, de la pourpre et même du lie de vin. Mais le triomphe de la couleur, c'étaient les champignons qui le réalisaient. IL y en avait d'immenses, et qui se re- courbaient comme des fauteuils de cuir gaufré, pointillé de clous multicolores, pour [illisible] les petites divinités de la forêt, les leuz dont parlent les Bretons, les [illisible] êtes invisibles et immatériels qui sont les âmes éparses de ce royaume des ombres et du silence.