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Nous prenons ensuite à droite, par le chemin qui va vers Trégastel. Au haut de la côte, à gauche, s'amorce l'ancienne route de Pleumeur. C'est elle que nous prenons. Arrivés au fond du vallon et sur le point de monter vers le bourg, un brave paysan nous conseille de prendre à droite le chemin qui va vers Keraliès. Après être parvenus au sommet des hautes landes, Gélard s'informe dans une pauvre masure de la vente qui doit nous mener plus avant. La vieille fait des crêpes. Comme Gélard regarde une photographie de femme appendue à la fenêtre, elle lui dit "C'est le portrait de la bonne amie de mon fils". Et lui montrant la photographie d'un marin "Voici mon fils" Puis elle ajoute, d'un ton calme : "il est mort". Nous prenons le sentier par des ajoncs qui nous arrivent à mi-corps. Et j'ai sous le soleil couchant l'impression d'un pays extraordinaire, étrangement préhistorique, pareil à ce que devait être la terre aux premiers âges. Des ajoncs et des ajoncs ; des crêtes de mornes ; des roches énormes, aux formes arrondies, crevant le sol, un mystérieux pays de pierres, comme frais émergé du déluge.
Nous passons au pied du menhir sculpté et bariolé qu'on appelle ar C'halvar, le calvaire, à cause de tous les instruments de la Passion qui y sont sculptés (V. la monographie et l'iconographie qu'en a données M. de Mortillet)