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108 « Oh ! un poëte gras ! » Je pourrais pousser la même exclamation à mon tour. Car lorsque j'ai heurté à la porte ouverte et que Marianna — toujours la même — m'a reconnu, je vois surgir une Anna extraor- dinairement engraissée, au point qu'on dirait qu'elle a peine à se mouvoir. Mais son cœur n'a pas changé : elle m'accueille avec ses démonstrations habituelles, la voix haute, criant sa surprise et sa joie. Tout de suite, elle envoie une de ses fillettes, avec un billet, chercher Emile qui, paraît-il, est à Morlaix. Elle passe un châle, met sa coiffe et nous sortons.
Visite à l'église de Ploujean, si mystérieuse dans le soir, une seule femme priant parmi les chaises. Le cimetière désaffecté, aujourdhui plein d'herbe foisonnante. Visite aussi à [l'ancien?] ossuaire, transformé en chapelle Ste Anne, comme toujours, et qui sert, paraît-il à faire le catéchisme. Nous nous acheminons vers le nouveau cimetière, situé hors bourg, sur le plateau, devant le merveilleux horizon de l'autre rive, et là nous assistons à l'un des plus merveilleux couchers de soleil qu'il m'ait jamais été donné de contempler. Le ciel immense, peuplé de grands nuages que le vent anime. Ceux de l'Ouest semblent une Babel gigantesque qui serait en flamme. Un incendie